A travers mes articles, j'ai souvent fait référence à un événement majeur qui se passa en Uruguay entre 1838/1839 et 1851: la Guerra Grande (la grande guerre). Comme vous pouvez le voir avec les dates, ce fut une longue guerre civile qui impliqua différents belligérants dans ce petit pays durant toutes ces années. Je vais vous expliquer le tout même si vous allez perdre le fil de la discussion par moment car cela m'est arrivé.
Les ''forces'' en présence
Fructuoso Rivera dirige les Colorados qui est le parti rouge bien qu'on ne parle pas ici des communistes. La couleur du drapeau des forces Colorados: rouge bien sur! Ce parti représente une tendance proche du parti Liberal.
Manuel Oribe (1792-1857) dirige les Blancos qui est le parti blanc bien qu'on ne parle pas ici de pacifistes. La couleur du drapeau des forces Blancos: blanc bien sur! Ce parti représente une tendance proche du parti National.
Résultat
L'origine du conflit entre les Colorados et les Blancos se déclara durant l’indépendance du pays face aux Brésiliens et impliqua les chefs de guerre que furent Manuel Oribe, Frustuoso Rivera et un peu moins Juan Antonio Lavalleja. Les tensions s’amplifièrent suite à l’indépendance car ces hommes se regardaient en chien de faïence afin d'assouvir leur soif de pouvoir. Voyez comme la politique n'a pas changé d'un iota depuis! Pour empirer la situation, il y a eu un nombre important de tentatives (avortées) de coup d’État qui furent soutenues soit par les Argentins ou soit par les Brésiliens. Ajoutez à cela des dirigeants politiques frileux et le cocktail était parfait pour l’instabilité totale du pays.
Chronologie
Fructuoso Rivera (photo ci-contre) effectuera un premier mandat de quatre ans de 1830 à 1834. En 1834, le parti Blancos se retrouve à la tête du pays avec Manuel Oribe au pouvoir comme chef jusqu'en 1838. Après un premier soulèvement de Rivera contre son successeur (bataille de Carpinteria en 1836), il orchestrera un deuxième en 1838. Il se fait élire en 1839 pour un nouveau mandat et chasse son rival.
Évidement la soif du pouvoir démange grandement ces deux messieurs donc ils cherchèrent des soutiens de la part des pays étrangers. A tout honneur, on regarde du côté des voisins comme l'Argentine. Les Argentins qui se trouvaient dans la panade aussi avec deux partis, les conservateurs fédéralistes et les libéraux centralistes s’incrustèrent dans le conflit en Uruguay. Les conservateurs fédéralistes de Juan Manuel de Rosas, gouverneur de la province de Buenos Aires depuis 1829, soutiennent Manuel Oribe. Après avoir été chassé par Rivera, l'ex-président Oribe se réfugie avec 300 soldats à Buenos Aires.
Les libéraux centralistes, quand à eux, soutiennent Rivera. Rivera reçu aussi le soutient des forces brésiliennes et de troupes européennes qui étaient en conflit avec Juan Manuel de Rosas.
En 1839, la marine argentine qui est alliée avec Manuel Oribe (photo de lui ci-contre) cherche à bloquer le port de la ville afin de faire tomber Rivera et ses alliés. De plus, les soldats argentins aidés des troupes des Blancos marchèrent sur Montevideo par la terre ferme ce qui fit fuir un grand nombre d'immigrants italiens, français, anglais, etc, des campagnes pour se réfugier en ville. Ils s’apprêtent à prendre les armes pour se défendre. Le 10 février 1939, la victoire de Cagancha est remportée par Rivera et sauve Montevideo.
Le pays rentre dans un ère de paix entre 1840 et 1843. Durant cette période, l’économie du pays repart comme jamais aidé d'une arrivée massive d'immigrants provenant d'Italie, d'Espagne et surtout de France.
Mais toute histoire a une fin. En février 1843, le siège de Montevideo commença par Oribe. Le 1er mars 1843, Joaquín Suárez installe son gouvernement dans la continuité des idées de Rivera. Ce gouvernement fut appelé le “Gouvernement de Défense”. Au même moment, Oribe fit de même et prit place dans le “Gouvernement de Cerrito” (petite colline face à la baie et au port de Montevideo).
Sur terre, les deux armées s'affrontent. D'un côté, on trouve 7 000 soldats dirigés par Oribe:
4 000 soldats Blancos aidés de 3 000 soldats de la Confédération d'Argentine.
En face, on retrouve l’armée des Colorados dirigés par Rivera: 800 gardes Uruguayens, 1 400 Afro-uruguyens émancipés, 500 Argentins fédéralistes, 500 légionnaires italiens mené par Guiseppe Garibaldi et 2 500 légionnaires français dont la légion basque mené par le colonel Théraut (photo ci-contre). On ne parle pas de la légion étrangère française ou de l'armée française mais bien d'une légion française composée de volontaires français d'Uruguay et d'Argentine qui se sont battus (comme les italiens) à défendre leurs familles, leurs terres et leur pays d'adoption.
Je vous en parlerais dans un autre article car l’histoire brève de cette légion est très intéressante mais inconnu au yeux de la majorité des français ou même des uruguayens.
4 000 soldats Blancos aidés de 3 000 soldats de la Confédération d'Argentine.
En face, on retrouve l’armée des Colorados dirigés par Rivera: 800 gardes Uruguayens, 1 400 Afro-uruguyens émancipés, 500 Argentins fédéralistes, 500 légionnaires italiens mené par Guiseppe Garibaldi et 2 500 légionnaires français dont la légion basque mené par le colonel Théraut (photo ci-contre). On ne parle pas de la légion étrangère française ou de l'armée française mais bien d'une légion française composée de volontaires français d'Uruguay et d'Argentine qui se sont battus (comme les italiens) à défendre leurs familles, leurs terres et leur pays d'adoption.
Je vous en parlerais dans un autre article car l’histoire brève de cette légion est très intéressante mais inconnu au yeux de la majorité des français ou même des uruguayens.
Bataillon Numéro 4 pour la défense de Montevideo (1843) |
C'est pour défendre leurs ressortissants et leurs intérêts économiques dans la région que la flotte anglaise commandée par Samuel Inglefield et la flotte française commandée par François Thomas Tréhouart arrivèrent en avril 1845 pour aider Joaquín Suárez à protéger la capitale et l’indépendance du pays car Juan Manuel Rosas avait des envies d'annexion du territoire uruguayen. Les bateaux Britanniques et Français bloquèrent le port de Buenos Aires pour une seconde fois et attaquèrent en même temps la flotte argentine qui bloquait le Rio Parana pour empêcher le commerce. La ville de Montevideo protégée par les flottes européennes luttera courageusement pendant les 4 années. Montevideo gardera le contrôle vital de son accès à la mer d’où elle recevait vivres, marchandises, munitions, etc.
A partir de cette année 1847, les deux camps ont commencé à sérieusement s'interroger sur l’utilité du conflit (il n'est jamais trop tard!). Les Britanniques ne voulant pas bloquer définitivement le port se retirent en 1847 car ils ne voulaient pas que les Français (déjà installés à Montevideo) tirent profit du blocus aussi à Buenos Aires. Les anglais avaient trop d’intérêts en Argentine. En 1848, la France pressée par l'Angleterre retira sa flotte et se retire du conflit aussi (des accords définitifs furent signés entre Juan Manuel Rosas et l'Angleterre en 1849 et avec la France en 1850).
Un trêve s'installe plus ou moins mais les responsables du ''Gouvernement de Défense'' de Joaquín Suárez et Fructuoso Rivera, déçu du retournement des Anglais et des Français, cherchèrent de nouveaux alliés pour combattre Oribe ainsi que Rosas par derrière. Ils trouvèrent finalement leurs alliés: Pedro II de Brasil (Empire du Brésil) qui avait reconnu la légitimité du “Gouvernement de Défense” et les frontières de l'Uruguay ainsi que Justo José de Urquiza, gouverneur de la province Entre Rios d'Argentine, qui sera un farouche opposant de Rosas. Ils formèrent une seule armée qui combattra Oribe et Rosas en 1851. Les forces d'Oribe se firent battre le 8 octobre 1851 ce qui met fin au siège de Montevideo et une paix fut signée entre les Blancos et les Colorados le 3 février 1852. Justo José de Urquiza battit Rosas à la bataille de Monte Caseros ce qui scellera la Guerra Grande et verra l'exil de Juan Manuel Rosas vers l'Angleterre où il mourut en 1877.
L'histoire démontra que les habitants de ce pays (autochtones ou immigrants) remontèrent rapidement la pente afin de reconstruire le pays. Ils travaillèrent pour gagner le titre de la ''Petite Suisse d’Amérique du Sud''.
A bientôt.
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