Nous allons faire le tour d'un musée de Montevideo, petit par la taille, mais grand par la renommée de son ancien propriétaire dont je vais vous faire la présentation en même temps. Le musée de Juan Zorilla de San Martín est situé dans le quartier de Punta Carretas, au bord de la Rambla et à quelques encablures du centre commercial Punta Carretas Shopping. Facile d’accès mais pas vraiment bien indiqué. L’accès à ce musée est gratuit donc autant en profiter.
Qui était Don Juan Zorilla de San Martín?
Né le 28 décembre 1855 et mort le 3 novembre 1931 à Montevideo, il fut l'un des plus grands écrivains en son temps de l'Uruguay. On peut même dire, sans se tromper, qu'il était une icône nationale. Né d'un père espagnol, Juan Manuel Zorilla de San Martín et d'une mère uruguayenne Alejandrina del Pozo y Aragón, il grandira dans une famille catholique très pratiquante.
Il décrit à travers son œuvre l'histoire de son pays ainsi que les héros nationaux de son pays. Un de ses chef-d'œuvres fut le roman Tabaré écrit en 1888 et qui raconte le triste destin des indiens Charrúas vaincus et exterminés par les espagnols. Malgré le fait que la population soit à 90 % blanche et d'origine européenne en Uruguay, il y a eu des indiens Charrúas et les Guaraníes qui furent les premiers habitants dans ce pays avant l’arrivée des colons espagnols. Je vous un petit sommaire dans cet article. Il a également écrit d'autres œuvres comme La Leyenda Patria (1879), La Epopeya de Artigas (1910) ou El Libro De Ruth (1928). Il est considéré comme le poète national de l'Uruguay.
Il mariera en première noce Elvira Blanco Sienra avec qui, il aura six enfants. Quelques années après sa mort, il épousera sa sœur, Concepción Blanco Sienra avec qui il aura dix enfants de plus! Total: seize enfants bien pétante! Ci-dessous, une photo de la "petite" famille.
Un de ces fils deviendra un sculpteur reconnu internationalement du nom de José Luis Zorilla de San Martín (1891-1975) qui lui-même aura une fille qui deviendra une grande actrice du nom de China Zorilla et qui sera décorée par le gouvernement français en 2008 de la médaille de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. Comme quoi, "de père en fils" ou "de père en fille" peut parfaitement coller à une partie de la famille San Martín.
Don Juan était habillé en noir la plupart du temps avec un chapeau de marin blanc et une canne. Toujours la barbe soignée, agile, telle est l'image physique qu'avaient les compatriotes de Zorrilla. Un homme de conversation agréable, l'esprit énergique, ouvert à tout et à tout le monde. Un homme qui a su gagner l'estime et l'affection de ses proches et même de ceux qui ne le connaissaient pas. C'était un homme d'une immense popularité à Montevideo dans les deux ou trois premières décennies du siècle dernier.
Le musée
«Toda mi vida está entre estas cuatro paredes, aquí están mis recuerdos de familia y el fruto de mis esfuerzos », phrase que l'on peut traduire par « Ma vie entière est entre ces quatre murs, voici mes souvenirs de famille et le fruit de mes efforts », écrit Juan Zorrilla de San Martín dans son livre El Sermón de la Paz (Le Sermon de la paix-1924) se référant à sa maison qui est devenue officiellement un musée appartenant au ministère de l'Éducation et de la Culture. Il est géré par un comité des amis sur une base volontaire.
La maison a été construite en deux étapes. En 1904 commence la construction de cette maison dans ce qui était alors une zone inhabitée de Punta Carretas. La Rambla elle-même n'existait pas encore à cette époque puisque celle-ci sera érigée à partir de 1915. Donc la vue de la maison donnait directement vers la mer et les rochers qui, aujourd’hui, est coupée par la Rambla Mahatma Gandhi. Le style de construction de la maison est typiquement espagnol comme on peut le voir en photo ci-dessous.
Dans un premier temps, la tour blanche ainsi qu'une aile de la maison qui comprenait certaines chambres furent la première partie de la maison, le tout surmonté de toits de tuiles rouges. Cet endroit était son lieu de travail afin d’écrire sans que personne interrompt ses moments d'inspiration. De plus, la tour était entourée d'un jardin composé de jasmins, chèvrefeuilles, roses et même d'Ombúes. Bref un lieu de repos total et un lieu magique de couleur qui existe toujours de nos jours. Jardin et cour centrale qui rappelle un coin de l'Andalousie à Montevideo.
En 1921, Don Juan Zorrilla a commencé la deuxième étape de sa maison, en ajoutant à la partie déjà existante la salle à manger, qui se réfère à la plus pure tradition des maisons espagnoles: une extrémité de la salle est dominée par une cheminée bordée de carreaux qui inclut les armoiries de la famille Zorrilla de San Martín, dont la devise est « Velar se debe la vida de tal suerte que viva quede en la muerte » (pas certain de la traduction exacte).
Côté sud de la maison, on trouve un grande terrasse et à l'opposé de celle-ci, son fils José Luis Zorilla a peint en 1927, une grande fresque murale qui raconte un verset biblique qui est le Souper d'Emmaüs (photo ci-dessous). A remarquer que cette peinture murale était un essai car sa vraie passion était la sculpture.
Côté sud de la maison, on trouve un grande terrasse et à l'opposé de celle-ci, son fils José Luis Zorilla a peint en 1927, une grande fresque murale qui raconte un verset biblique qui est le Souper d'Emmaüs (photo ci-dessous). A remarquer que cette peinture murale était un essai car sa vraie passion était la sculpture.
Récapitulatif de la maison/musée
Le rez-de-chaussée qui forme un L est composé de la salle de réception, la salle de lecture, une chambre, le bureau, la salle à manger, la galerie de peintures et la chapelle (ou oratoire).
La salle de réception était le lieu des soirées musicales. Sa seconde épouse Concepción et une de ses filles, Elvira, pratiquaient le piano et les chants dans cette pièce. On trouve un certain nombre de tableaux dont un ou deux peints par le peintre uruguayen Juan Manuel Blanes. Une des peintures est la représentation de roman '' Tabaré'' peint par un artiste espagnol durant le mandat de Zorilla en tant que diplomate à Madrid.
Une des armoires renferment les différentes éditions originales du roman Tabaré en plusieurs langues ainsi que les manuscrits originaux de La Epopeya de Artigas (l'épopée d'Artigas), deux des œuvres les plus connues du poète
Dans le bureau, on peut apercevoir le vélo acheté à Paris avec lequel il a énormément visité les différents quartiers de la capitale française durant ses mandats de diplomate.
La chapelle (appelée aussi oratorio), photo ci-dessous, est consacrée à la Vierge Notre-Dame du Mont Carmel. Les deux colonnes de bois sculptées et dorées, dont on voit un exemplaire dans la photo ci-dessous, proviennent des missions jésuites. L'autel a été construit par des étudiants des ateliers de Don Bosco. Un famille si pratiquante que l'on trouve cette chapelle isolée carrément dans la maison, et dans laquelle une partie des petites-filles du poète eurent leurs premières communions.
La maison a reçu d'illustres visiteurs comme des intellectuels nationaux ou étrangers, ainsi que les plus hautes hiérarchies ecclésiastiques car ne pas oublier que la famille Zorilla San Martín était très pratiquante. A noter également parmi les illustres visiteurs le peintre espagnol Ulpiano Checa, d'éminents philosophes comme Miguel de Unamuno et Jose Ortega y Gasset, le philosophe Carlos Vaz Ferreira accompagné de sa fille poétesse, María Eugenia, du poète mexicain Amado Nervo qui occupait en même temps le poste d'ambassadeur de son pays en Uruguay.
La maison a reçu d'illustres visiteurs comme des intellectuels nationaux ou étrangers, ainsi que les plus hautes hiérarchies ecclésiastiques car ne pas oublier que la famille Zorilla San Martín était très pratiquante. A noter également parmi les illustres visiteurs le peintre espagnol Ulpiano Checa, d'éminents philosophes comme Miguel de Unamuno et Jose Ortega y Gasset, le philosophe Carlos Vaz Ferreira accompagné de sa fille poétesse, María Eugenia, du poète mexicain Amado Nervo qui occupait en même temps le poste d'ambassadeur de son pays en Uruguay.
Deux autres grandes poétesses qui venaient lui rendre visite furent Juana de Ibarbourou (ou plus connue sous le nom de Juana de América) qui se trouve à votre droite en photo et Susana Soca qui fut aussi la fondatrice d'un magazine littéraire du nom de La Licorne ou Cahiers de La Licorne/Cuadernos de La Licorne qui sortit trois numéros à Paris.
En 1926, le poète recevra un cadeau envoyé par le roi Alphonse XIII d'Espagne qui le toucha particulièrement: le blason de la famille gravé dans la pierre que le monarque a fait extraire de la maison familiale des Zorrilla de San Martín dans la vallée de Soba et que voulait le poète uruguayen dans sa demeure de Montevideo. Tous deux avaient eu des entretiens amicaux après le discours mémorable offert à La Rábida par Zorilla sur les relations de l'Espagne avec les pays d'Amérique du sud.
Cinq ans après la mort du poète, qui eu lieu le 3 novembre 1931 dans cette maison même, l’État fera l'acquisition de ce bâtiment pour les enfants de Zorrilla de San Martín, afin de le transformer en musée. Cette maison deviendra monument national et musée public le 12 septembre 1936. La maison sera ouverte au public le 3 novembre 1943.
Le musée expose aussi des meubles, des livres, des manuscrits, des documents originaux, des récompenses, des objets personnels ayant appartenu au «poète de la nation». Malheureusement, l’État laissera filer le musée en queue de liste et sera vraiment ''sauvé'' en 1996 avec une association des amis qui prendra les rênes de la gestion de ce musée et qui s'en occupe très bien de nos jours.
Le musée expose aussi des meubles, des livres, des manuscrits, des documents originaux, des récompenses, des objets personnels ayant appartenu au «poète de la nation». Malheureusement, l’État laissera filer le musée en queue de liste et sera vraiment ''sauvé'' en 1996 avec une association des amis qui prendra les rênes de la gestion de ce musée et qui s'en occupe très bien de nos jours.
il y a vraiment de belles choses en Uruguay!!
RépondreSupprimera.
C'est vrai qu'en 1 an et demi sur Montevideo, je n'ai même pas eu le temps de tout visiter ou d’écumer toute la ville alors que j'ai fait Toronto en 6 mois et en étirant l’élastique au max....
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