mardi 30 juillet 2013

L'histoire de l'aviation

J'attaque mon deuxième article sur l'aviation bien que je n'ai aucune affiliation avec les avions ou l'aviation elle-même mais l'histoire de ce pays inclut des passages assez remarquables sur l'aviation et ses précurseurs à cette époque.

En tournant les pages d'histoire de ces pays (Uruguay comme Argentine entre autre), on s’aperçoit qu'il y a eu un nombre incroyable de pilotes célèbres qui sont passés par ces pays. Tous ces grands du monde de l'aviation qui laisseront des traces partout.

Dans mon premier article, je vous avais fait une présentation de l'épopée de l'aérospatiale en Uruguay. Dans ce nouvel article, je vais faire une présentation plus globale de l'’histoire de l’aviation en Uruguay car les français avec les italiens seront des pièces maîtresses dans la création de la force aérienne de ce pays autant militaire (surtout) que civile.

Nous découvrirons aussi l'implication de français provenant de l'Argentine et qui viendront s'installer en Uruguay. Présentation aussi d'un grand concepteur et constructeur d'avion provenant des Pyrénées-Atlantiques comme beaucoup de ses compatriotes et qui laissera une empreinte impressionnante dans ce pays (mais aussi en Argentine). Il s'installa d'abord en Argentine et il finira sa carrière et ses jours en Uruguay. Présentation plus bas.

On retrouve les prémices du premier vol aux alentours du 26 août 1910 au camp de manœuvre du 1er Régiment d’artillerie proche du Camino Carrasco y Cambay. Enrique Martinez Velazco, alors étudiant en génie, réussira à élever son avion, Escofet 2 (photo ci-dessous), à une altitude de deux mètres de haut mais s’écrasera deux cent mètre plus loin. Le pilote subira une fracture des côtes, des blessures à la tête et une grosse frayeur comme on peut s'en douter!

Voici l'Escofet II (photo de 1910)
Le premier vol réussi aura lieu les 7 et 8 décembre 1910 par le pilote Français Armand Prévost sur l’hippodrome de Paysandú. Il volera sur un petit Blériot équipé d'un moteur Anzani de 25 CV qui fut un avion conçu et construit par Louis Blériot en 1908. Cet avion sera en production jusqu’en 1931.

En vérité, Armand Prevost arriva sur Buenos Aires en 1910 avec d'autres aviateurs français (Leopold Dolphyn, Henri Pequet, Alfred Valleton, Lowis Boyer, René Volant) et italiens pour souligner les célébrations du centenaire de la Révolution de Mai avec un spectacle des premières démonstrations en vol de l'avion. Il rencontra un entrepreneur Uruguayen, M. Fernando Borrell qui lui demanda s'il aurait l'honneur de venir à Paysandú afin que la population de la ville puisse assister au vol du premier avion dans cette partie du pays.

L'avion partit de Buenos Aires en pièces détachées sur le bateau Doli et remonta le Rio Uruguay jusqu’à Concepción del Uruguay (ville en Argentine malgré son nom). Puis le bateau arriva sur Paysandú le 7 décembre et cette journée fut consacrée à l'assemblage et la vérification de son avion. Paysandú et toute la région furent les témoins du premier vol d'un avion dans le ciel uruguayen et ce fut un beau pied de nez à la capitale, Montevideo, qui n'eut pas cet honneur.

Peu de temps après, le 17 décembre 1910, un autre exploit sera réalisé par un autre pilote mais d’origine italienne, Bartolomeo Cataneo, entre Buenos Aires et Colonia del Sacramento (74 kilomètres). Un vol direct entre ces deux villes (et deux pays) qui sera réalisé aussi sur un Blériot de type XI. Bartolomeo Cataneo a obtenu son brevet de pilote de l’école de pilotage Blériot à Pau (France).

Le 24 novembre 1912, Jorge Alejandro Newbery traverse le Rio de la Plata à bord du monoplan Centenario, un Blériot Gnôme de 50 CV. Jorgue Alejandro Newbery fut un des premiers grands pilotes d’Amérique du sud. Il est le premier à traverser le fleuve et à revenir sur Buenos Aires dans la même journée. Influencé par Newbery, Teodoro Fels, conscrit d'origine argentine sera le premier à faire un vol sans escale entre les villes de Buenos Aires et Montevideo le 1er décembre 1912 battant le record du monde de vol au-dessus d'un plan d'eau à cette époque. Sauf qu'il prit un des avions de l’École militaire d'aviation sans autorisation! A son retour, le president du pays Roque Sáenz Galet le fait arrêter pour désobéissance et le promeut pour son exploit.

Atilio Frigerio, officier de marine, sera quant à lui, le premier uruguayen à obtenir son brevet militaire d’aviateur en 1912 après des études militaires en Italie. Toutefois, à tout honneur, le premier aviateur uruguayen reconnu fut le civil Mario Garcia Cames qui reçevra son brevet de l'Aéro-Club de France le 8 Novembre 1910.

Le 17 mars 1913, le ministère de la défense uruguayenne va créer officiellement l'aviation militaire qui dépendra de l’armée. Les français, Marcel Paillette et Paul Castaibert, deviendront les principaux instructeurs avec une poignée de jeunes officiers militaires qui comprendra Cesáreo Berisso, Juan Manuel Boiso Lanza, Esteban Cristi mais le programme prendra fin durant l’hiver de cette même année. Paul Castaibert construit les premiers avions d'entraînement pour ces jeunes recrues.

Marcel Paillette (ci-contre) est né au Havre en 1884 et arrivera sur Buenos Aires le 21 novembre 1912 à bord du bateau Berne. Sa famille était fabriquant de bière. Il devient pilote et sera diplômé de l’Aéro-club de France. Il était venu en Amérique du sud afin de faire des exhibitions au Brésil, en Argentine, au Chili et en Uruguay. Il arriva en Argentine avec son avion Farman qui fut démonté et envoyé par bateau. Il deviendra d'abord instructeur en Argentine et va créer l'Aviación Militar Argentina avant de devenir instructeur en Uruguay.

C'est lui qui proposera la création de l'Escuela de Aviación Militar au gouvernement uruguayen. Projet accepté en décembre 1912. Il  va créer, en même temps, le premier aéroport militaire en Uruguay à Cerillos dans le département de Canelones. Cet aéroport comprendra un hangar, un camps et des garages. Il fournira les deux premiers avions qui seront un biplan Farman Longhorn et un monoplan Blériot de type XI.

Le hangar de Cerillos en 1913

Paul Castaibert est né à Simacourbe en 1883 dans les Pyrénées-Atlantiques et décédera en 1951 à Montevideo. Il émigre sur l'Argentine en 1909 et viendra s'installer définitivement à Montevideo en 1914.Voici une biographie de ce génial concepteur, constructeur et pilote - article - trouvé sur internet. A Buenos Aires, il installa ses ateliers à Villa Lugano.

Paul Castaibert devant un de ses avions
Cesáreo Berisso, Juan Manuel Boiso Lanza et d’autres pilotes seront en désaccord avec la décision prise par le ministre de la défense uruguayenne de ne pas renouveler le contrat de Marcel Paillette.

Cesáreo Berisso décollera de Cerrillos (Canelones) et volera sur le Farman Longhorn fragile et capricieux. Cet avion fut développé par les frères Dick, Henri et Maurice Farman dont les parents étaient d’origine anglaise. Les trois frères sont nés à Paris et furent des constructeurs et pilotes d’avion français. Le Farman Loghorn était considéré comme un croisement entre un vélo et un cerf-volant.

Le lieutenant Juan Manuel Boiso Lanza, a essayé de l'accompagner sur un monoplan Blériot de type XI mais son petit moteur Gnôme ne voulut pas démarrer. Après d’une heure et quart de vol, Cesáreo Berisso se posera sans encombre sur la plage de Malvín.

Ce vol de Cesáreo Berisso fut un exploit populaire car il sera le premier vol d’un uruguayen tout seul dans le ciel uruguayen. Cet exploit fut aussi un des premiers actes de protestation car les étudiants de cette école d'aviation militaire allaient se retrouver sans instructeur de vol et sans autorisation de vol suite au non renouvellement du contrat de Marcel Paillette.

Marcel Paillette rentrera en France au début du conflit de la Première Guerre mondiale afin de se battre pour son pays en tant que pilote.

Une poignée de civils comme Mario Garcia Cames qui eut son brevet d'aviateur en France, Angel Adami et Ricardo Detomasi qui eurent leurs brevets d'aviateur à Buenos Aires, vont créer le premier aéro-club à Atlántida en 1914.

On peut noter aussi un autre passage prestigieux: le Suisse John Domenjoz qui sillonne les pays d’Amérique du sud (Argentine, Chili et Brésil) et retournera en France au moment du début de la Première Guerre mondiale. En tant que citoyen Suisse, il ne trouvera aucun ordre de mobilisation pour joindre les rangs de l’armée suisse. Il décidera de se procurer un Blériot XI avec un moteur Gnôme Sygma de 60 CV (même si cela ne fut pas facile à cause de la guerre).

Sur ce fait, il retournera en Amérique du sud pour sillonner cette fois-ci l'Argentine, l'Uruguay, etc. John Domenjoz fera un vol entre Buenos Aires et Montevideo en mars 1913 et prêtera assistance à l'aviation militaire uruguayenne en aidant à la formation des premiers pilotes avec Paillette et Castaibert.  En juillet 1915, il fait le raid Fray-Bentos-Colonia-Buenos Aires sur son Blériot XI.

L’aviation n'était pas un jouet pour les aventureux mais progressait à grands pas. La Première Guerre mondiale (1914-1918) prouvera que l’avion fut un facteur déterminant durant cette guerre et poussera le développement ce ces machines.

En 1915, l'armée enverra Cesáreo Berisso et Estaban Cristi faire leurs cours d'instructeurs en Argentine, tandis qu'Adhemar Sanz Lacueva et Juan Manuel Boiso Lanza feront leurs cours d’instruction au Chili.

Le 20 novembre 1916, ils deviendront les premiers instructeurs de l’Escuela de Aviación Militar. Les premiers diplômés qui sortiront en 1918 furent Tydeo Larre Borges (qui deviendra général), Efrain Gonzalez Conzi, José Luis Ibarra et Alfredo Pérez Montero. Paul Castaibert deviendra le chef des ateliers des services techniques de l'Escuela de Aviación Militar en 1916.

Cesáreo Berisso deviendra général plus tard et présidera les destinées de la compagnie aérienne Pluna (Primeras Líneas Uruguayas de Navegación Aérea) qui appartenait au gouvernement. Quand à Juan Manuel Boiso Lanza, il décédera durant la première guerre mondiale en 1918 dans un accident à Pau (France).

Tydeo Larre Borges sera envoyé en France en 1924 afin d’étudier les nouveaux systèmes aéronautiques dans les écoles militaires d'Istres, Avord, Versailles et Cazaux. J'en parle plus dans mon article précédent sur l’aérospatiale.

Durant de nombreuses années, la majorité des avions furent achetés en Europe comme les avions anglais Avro 504K, des avions d'origines françaises (Breguet XIV, Nieuport 27, Castaibert 913-IV).

Le 29 février 1920, l'Argentin José Esteguy (d'origine Basque), un pilote qui participa à la Première Guerre mondiale au service de la France fera toute une série de démonstrations aériennes à l'occasion de la foire dans la ville de Santa Bernardina.


En 1935, l’école donne naissance à l’Aeronáutica Militar et cinq escadrilles furent constituées avec autant de bases. Le matériel de cette époque fut largement d’origine française avec des Potez 25, Spad S.VII, des Spad S.XIII mais aussi britannique ou italien.

SPAD VII
Le Museo Aeronáutico Cnel. Jaime Meregalli (musée aéronautique) garde une partie de son patrimoine et  recèle quelques pépites dont un monoplan fabriqué à Buenos Aires par Paul Castaibert en 1916. Cet avion avait un moteur rotatif, appelle le Rhône, à sept cylindres de 70 CV. On trouve aussi un Blériot de type XI du début de la décennie avec un moteur Gnôme de 50 CV composé de sept cylindres disposés en forme d'étoile.

Castaibert modèle VI que l'on trouve dans l'aeroport de Montevideo au niveau du deuxième étage

Je ne sais quel est le type de cet avion...un Castaibert?

Blériot de type XI


Cet avion ci-dessus fut celui qui relia Montevideo à Buenos Aires par Juan Manuel Boiso Lanza le 18 juillet 1916. Il est présenté au musée aéronautique de Montevideo.

Voici un autre chapitre de l'aviation uruguayenne. A bientôt!

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    L'Uruguay a émis un timbre en son honneur :
    dans mon blog :
    http://albumdetimbres.blogspot.fr/

    Cordialement

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  2. Bonjour Alain. Oui j'avais vu ce timbre sur le net. Merci du lien vers votre blog.

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