jeudi 8 mars 2012

Les émigrants européens: les Français - Prise 2

Nous continuons notre présentation de cette immigration française vers l'Uruguay qui laissera des traces dans la société de ce pays.

Quelle(s) trace(s) trouvons-nous de cette ancienne immigration française dans Montevideo aujourd'hui? Si on ouvre les yeux, on découvrira plein de choses autour de nous qui rappelleront ces émigrants comme par exemple des noms de rue, des petites places nommées avec des noms français, le style d’architecture de beaucoup de bâtiments, les places publiques dessinées par des paysagistes français ou d'origine française, etc.

Ah oui...une autre chose peu banale mais marrante est le nom des immeubles car chaque immeuble a son propre nom. On trouve un nombre incalculable d'immeuble qui ont des noms français (lieux, prénom, etc) alors que la majorité des ces immeubles ont été construit durant les années 60/70/80 donc loin de cette immigration. Manque de pot, mon immeuble s’appelle Las Bermudas! J'aurais préféré Montpellier ou Pont du Gard, La Cigale, Rocamadour, Marie Sophie, Saint Germain.

On remarquera aussi qu'un certain nombre de personnes au-dessus de 60 ans (moyenne) ont encore des restes de la langue française ou parlent encore le français car cette langue fut enseignée dans les écoles durant de nombreuses années.


Si on se promène dans le cimetière central de Montevideo, on remarquera de nombreux caveaux avec des noms français. A mes yeux, je pense que le plus bel héritage que ces émigrants ont laissé est le nombre de gens qui portent des noms de famille français ou francophones.

A quelques occasions, quand on m'a demandé ma nationalité pour x raisons, je me suis retrouvé face à une personne qui était fière de me dire qu'il/elle était de descendance d'une famille française tout en me donnant son nom de famille afin de bien appuyer cette fierté. Certains savaient plus ou moins de quelle région provenaient leurs ancêtres tandis que d'autres en avaient aucune idée. Au bas de cet article, je vous ai mis une liste de noms français que j'ai pu attraper dans des magazines, des journaux, dans la rue, sur des sonnettes de porte, des compagnies sauf l'annuaire téléphonique qui doit en regorger.

Évolution historique de la population d'Uruguay

1829:...............74.000
1840:.............200.000
1862:.............281.500
1900:.............936.000
1908:..........1.043.000
1920:..........1.500.000
1930:..........2.000.000

L'impact économique

Moins importante quant à son volume face aux émigrants espagnols ou italiens, l'immigration française a eu une grande importance pour son rôle économique joué en Uruguay. La métropole parisienne avait dûment reconnue l'importance multiple de ce fait démographique: "Du point de vue commercial et maritime, Montevideo valait, pour la France, plus que toutes ses colonies réunies, si onéreuses durant la paix et si engagées durant la guerre (on pourra dire la même chose pour Buenos Aires et l'Argentine)''.

Avant l'invasion de la République Orientale (par Manuel Oribe), la population française se chiffrait à 25.000 âmes et le commerce français vers l'Uruguay avait augmenté avec le chiffre énorme de 375% en l'espace de dix ans. En septembre 1842, le port de Montevideo enregistra jusqu'à 116 bateaux français au large desquels 21 ont levé l'ancre le même jour. Par exemple, la ville de Montevideo consommait comme produits français, entre autre, 1.000 barils de vin de Bordeaux par mois bien avant que Pascual Harriague, un basque d'Hasparren (Pyrénées-Atlantiques) introduisit les cépages du Tannat devenu, depuis, le principal cépage des vins uruguayens.

Ces faits n'ont pas d’égal dans aucune autre partie des colonies françaises. Si la République Orientale avait su maintenir la paix de l'État, le pays aurait actuellement compté sur plus de 40.000 Français au rythme des statistiques des débarquements. Pour comparaison, la population indigène à ce moment là, ne s’élevait à peine qu'à 70.000 âmes.
La France avait, avec ce capital humain qui avait émigré vers le Río de la Plata (Uruguay et Argentine), un marché qui stimulait le rythme des exportations transatlantiques.

L'immigration et ses problèmes


Selon un rapport de Louis Marie Francois Tardy de Montravel (administrateur colonial), les dits spéculateurs "avaient établi dans ces contrées françaises un style de commerce de traite des blancs en ce qui concerne les moyens de séduction et de recrutement, un peu comme la traite négrière".
Toujours, après l'apparente émigration spontanée, se dessinent les formes de commerce et de commerçants sans scrupule qui perfectionnent un style de mécanisme de gains démesurés aux dépens de ce ''bétail humain'' qui était envoyé du vieux continent vers ces nouvelles contrées.

La plupart de ces français sont isolés des grands centres urbains avec de surcroît, des problèmes agraires aggravés par la pression démographique. Ces problèmes seront un fournisseur par excellence pour les pays du Rio de la Plata. Cette France humble, analphabète pour beaucoup, audacieuse, entreprenante, laissera sa trace culturelle imprimée très profondément parmi le peuple uruguayen.

En 1843, on effectua un recensement de Montevideo et démontrera déjà une baisse des émigrants français malgré l’arrivée de ceux-ci jusqu’après 1850. Des 20.000 Européens, seulement la moitie sont français, ce qui démontre déjà une diminution du flot.

L'immigration française décroît finalement vers 1870. Des causes internes comme la lutte contre le déracinement pyrénéen, l'effondrement provoqué par la guerre franco-prussienne et les luttes externes comme la conquête des marchés du Rio de la Plata par l'Angleterre et l'Italie finiront de tarir cet immense réservoir d'émigrants. Une fois ce flot presque asséché d’émigrants français, l'Italie et l'Espagne deviendront les principaux fournisseurs démographiques de l'Argentine et de l'Uruguay.

La fête du 14 juillet par les enfants de la légation française
Vers 1884, Nicolas Granada réalise un recensement de Montevideo qui avancera le chiffre de 115.000 habitants. 45 % de cette population sont des émigrants desquels 33.000 sont italiens, 22.000 Espagnols et seulement 7.400 Français.

En Argentine, de nombreux descendants de français qui vivent dans le pays, tiennent pour évidence que leurs ancêtres vécurent en un premier temps en Uruguay!

La route des immigrants

Penser que tous ces émigrants partirent de France, pour débarquer directement dans un port d’Argentine relève d’une idée erronée. Les Compagnies de navigation tracèrent différentes routes, incluant des ports différents. Deux des ports les plus importants en France pour l'immigration furent ceux de Bordeaux et Nantes.

Quelques bateaux chargés d’immigrants se dirigeaient d’Europe vers l’Amérique du Nord. De là, ils descendaient vers le sud, accostant dans différentes villes. Les immigrants pouvaient débarquer dans d’autres ports selon les facilités que leur offraient les agents qui les menaient et selon la situation politico-économique locale ou sociale que pouvait offrir chaque pays à ce moment là. Toutefois, le débarquement pouvait dépendre aussi des facilités offertes par les agents de l’immigration.

Le mouvement migratoire d’entrées et sorties des passagers du Port de Montevideo a été conservé dans les livres d’entrées de passagers tenus par la Police de Montevideo entre les années 1829 et 1864. Pour les entrées de passagers en Uruguay après 1896, on doit consulter la Direccion Nacional de Migraciones. Même au cours de cette période l’information n’est pas complète. Les livres sont en mauvais état de conservation mais peuvent être consultés aux Archives de la Nation à Montevideo pour certaines années. Il paraîtrait que les archives françaises de cette époque ont été renvoyées en France.

Ci-dessous et pêle-mêle, les noms de famille de descendance française (les seuls dont je ne suis pas certain sont les noms Basques car je ne sais pas si c'est français ou espagnol):

Abarly, Aguerreberry, Alarcon, Ambrois, Amorin, Armand, Aulet, Bacot, Barbat, Barbé, Barbier, Barbot, Barité, Barreneche, Barrère, Barriere, Barthielemy, Barthou, Bascou, Bataille, Baupres, Bayou, Béduchaud, Belfort, Benoit, Beracochea, Berenbau, Berlocq, Bertereche, Berthier, Betancourt, Bidart, Bidegain, Bidondogaray, Blanquet, Bobé, Boix, Blois, Bonet, Bonsignore, Bordabehere, Bordaberry, Bordenave, Bouton, Bouzout, Brie, Buthet, Caillon, Calvet, Campisteguy, Candeau, Carrau, Carrette, Casamayou, Castaings, Caubarrere, Cavalier, Cazajous, Cazaux, Cazeres, Champagnat,

Chapital, Chifflet, Claret, Clavaux, Clerc, Collier, Couture, Cruzet, D'Arenborg, De Castellet, De Tazanos, Daou, Darricarrère, Dessent (belge!), Dienot, Dieux, Doubois, Doyenant, Ducasse, Duffau, Dugros, Duguet, Duplech, Dupont, Dupuy, Durand, Ebrard, Echevarriarza, Echeverria, Echeverry, Estigarribia, Etchegaray, Etchegarry, Etchevarne, Etcheverry, Etchevers, Faget, Fauquet, Fleurquin, Fleury, Folle, Font de Bon, Fossey, Fouchou, Fouquet, 

Fourcade, Fournier, Galvaire, Gardelle, Garin, Gauchou, Gervais, Giot, Givogre, Goyret, Gramont, Guerin, Guigou, Guillot, Irigaray, Haget, Harriague, Henaise, Herou, Hervey, Hocquard, Horticou, Jarreguiberry, Jouant, Knab, Labadie, Labelle, Laborde, Lacarrére, Laffitte, Lafond, Lamarthée, Lamolle, Langlade, Lansac, Larralde, Larravide, Larriquer, Lasnier, Lateulade, Laventure, Leborgne, Legris, Lemoine, Lenoble, Loustanau, Lyonnet, Maissonave, Malet,

Marichal, Marmouget, Massonnier, Menache, Mendiverry, Methol, Michelin, Millas, Molvert, Monfort, Monge, Oger, Parrabère, Pasquet,Paternain, Paullier, Pelfort, Peyrou, Philippe, Piaget, Plane, Pivel, Pouet, Pucheu, Puyol, Ribarne, Riqué, Rivière, Robillard, Rodié, Rousseau, Salaberry, Séré, Serrat, Serrés, Sorhuet, Supervielle, Suzacq, Talice, Taullard, Tazenet, Thiele, Touzet, Trianon, Trochon, Vernier, Vidal, Viennot, Xavier.

Hasta pronto

2 commentaires:

  1. La route des emigrants
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    Cette information a été publiée sur mon site:

    http://www.genfrancesa.com/fr/ruta.html

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  2. Mme Massolo,

    Exact, une partie de cet article a puisé les sources à travers ce que j'ai pu trouver dont votre article qui m'a aidé à finaliser le mien. Étant donné que l'information sur l'immigration est assez difficile à trouver, le seul moyen est de faire des recherches un peu partout.

    Votre article m'a donné des renseignements que je ne connaissais pas et je vous en suis reconnaissante. D’ailleurs dans mon profil, je signale que je suis obligé de chercher de l'info un peu partout.
    Ne vous en faites pas car je ne l'utilise pas à mauvais escient. Je me suis aperçu que des photos de mon blog et certaines de mes recherches se retrouvaient dans des sujets de discussion d'Uruguayens...

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