mercredi 15 février 2012

Barrio: Colón

Nous allons parler d'un quartier du nord de Montevideo que je suis allé visiter il y a peu. Pourquoi autant au nord? 
J'avais entendu quelque fois le nom de Colón revenir dans quelques conversations en disant que c’était un joli quartier (appuyé par quelques photos du siècle passé). Puis finalement la curiosité m'a poussé à prendre un bus pour m'amener dans le cœur de Villa Colón. De plus, l'histoire de ce barrio est intéressante!

Colón est divisé en trois sous-quartiers: Il y a Colón Centro (ou bien Villa Colón), Colón Noroeste et Colón Sureste. Je ne vais parler que de Villa Colón dans cette article. Villa Colón est entouré des quartiers de Lezica/Melilla à l'ouest et nord-ouest, Colón Sudeste et Abayubá à l'est et au nord-est, Peñarol et Lavalleja au sud-est puis finalement Conciliación et Sayago au sud.

Histoire du barrio de Colón

La création de Villa Colón puisera ses racines dans le développement du chemin de fer, les immigrants et leurs cultures, la culture de la terre et sa situation stratégique entre le port de Montevideo et la limite des fermes (chancras) et des vignobles.

Après la fondation de Montevideo en 1726, les terres, où aujourd'hui on trouve Villa Colón, appartenaient à l'Estancia del Cerro. Celle-ci était située entre les ruisseaux Pantanoso et Las Piedras et le Río de la Plata et Santa Lucia (une superficie énorme à cette époque). 

Cette Estancia comprenait des cheptels de bétails et des terres. En 1730, on distribua des terres qui furent données à 13 familles du premier contingent d'immigrants provenant des Îles Canaries et à 9 autres nouvelles familles des 25 familles du deuxième contingent toujours des Îles Canaries.

En janvier 1791, l'Estancia del Cerro, appelée aussi à l'époque ''Caballada del Rey'' était au compte du contremaître Miguel Pelagai et neuf ouvriers. En 1815, toutes les Estancias del Rey furent administrées par le gouvernement de la Province Orientale.

A l'endroit où se trouvait l’établissement de viande séchée et salée d'Adolfo de Lapuente (proche du ruisseau Pantanoso), un français du nom de Parfait Giot  (né en 1833 en France et qui décédera à Montevideo en 1898) forma, en 1861, une société avec un de ses fils afin d'exploiter des élevages de moutons. Il introduira différentes races de moutons d'Europe afin de produire une qualité de laine appelée Mérino Rambouillet et Mérino Rambouillet Negrete.

Le 22 octobre 1868, devant la création imminente des services ferroviaires dans la zone, Cornelio Guerra et Parfait Giot créeront la "Sociedad Villa Colón", avec comme objectif de fonder une village de villégiature proche du ruisseau Pantanoso. C'est comme cela que Colon deviendra un endroit avec de grandes résidence temporaires (ce qui n'est plus le cas aujourd'hui).

En 1892, il inaugure le premier hôtel en dehors de Montevideo: l'Hôtel Giot. Cet hôtel donnera une grande impulsion à la zone. Quelques années auparavant, il avait commandé au paysagiste Jean Pierre Serrés (né en 1849 à Avezac, Hautes-Pyrénées) de planter plus d'un million d'Eucalyptus Australiens et d'autres espèces (acacias, chênes, etc). Ce parc existe aujourd'hui sous le nom de Parque Monte de Francesa - Parque Giot.

Histoire de Villa Colón

Le premier plan de Villa Colón fut dessiné en octobre et novembre 1868 par le géomètre et employé de la marine française Pierre D'Albenas, qui se chargera des traces du futur endroit. L'endroit était formé de 32 parcelles séparées par des espace qui constituaient les rues. Le tracé des avenues, des rues et de la place, le pont au-dessus du ruisseau Pantanoso, les deux fontaines de la place, la plantation de tous les arbres ainsi que le tramway attelé à un cheval sur la rue principale furent réalisés entre 1869 et 1872. On construisit à la même époque les quatre premières maisons.

Un nouveau plan fut tracé en 1873 par le géomètre Yergui par ordre de la Sociedad Villa Colón. Les arbres de la Plaza Colón furent un don de l'horticulteur français Pierre Margat dont l'établissement (pépinière) du chemin Burgues a été, à l’époque, le premier commerce de ce genre dans le pays.

En 1901, le journal "La Alborada" décrivait dans son édition de mars la population de la ville qui envahissait les environs pittoresques à la recherche d'un air frais, libre et parfumé du dimanche.

Le 23 juin 1912, Villa Colón fut connecté par l'Avenida Lezica grâce au premier tramway électrique de la "Commerciale" (ligne 41).

En avril 1927 fut inauguré un service d'autobus entre Montevideo et Villa Colón qui effectuait le même parcours que le tramway. Le prix du passage était le même mais la grande différence était seulement en temps car le tram mettait 1 heure et demie pour partir du centre-ville (La Aduana) jusqu’à Villa Colón alors que le bus mettait moins d'une heure.

Le Train (ferrocarril)

Le 1er janvier 1869 fut inauguré le premier chemin de fer qui a circulé en Uruguay entre les villages de Bella Vista et Las Piedras financé avec des capitaux privés. Les stations de Miguelete, Yatay, Gómez, Sayago, Pantanoso (rebaptisée plus tard Colón) et Zorrilla (rebaptisée après l'indépendance La Paz) furent construites. 

La gare ferroviaire de Colón se trouve devant la Plaza Colon qui, elle-même, est située à environ 11 kilomètres de la Station Centrale de MVD.

La fondation du village Ferrocarril

Le village de Ferrocarril (maintenant rattaché à Colón) fut fondé sur des terrains vagues. On construira sur ces terrains vagues les hangars de l'entreprise ferroviaire ''Ferrocaril Central del Uruguay''. C'est l'ingénieur de l'entreprise, Emile Du Pré qui dessinera les tracés de l’école publique, d'une chapelle, du jardin public de ce village. 

Les hangars et le dépôt existent toujours par contre, je ne sais pas si on peut visiter quelque chose. J'ai pu remarquer que plus de la moitié des bâtiments sont dans un état de délabrement assez avancé et qu'il y a beaucoup de matériel (machines, wagons, etc) qui pourrissent sur place. J'ai aperçu au-dessus des murs une locomotive à vapeur d'une taille assez grande et je suis sur qu'il doit avoir des trésors dans les hangars! Il y a encore de l’activité mais je ne sais pas jusqu’à quel degrés. Par contre, le quartier n'est pas hyper propre.


Ci-dessus, deux photos de l'Avenida Lezica en 1917.

Une petite particularité de ce barrio est qu'une toute petite communauté japonaise s'est installée plus ou moins vers 1908. Cette immigration a essentiellement été indirecte, individuelle et non planifiée. La quasi-totalité des japonais furent des hommes et provenaient de pays comme le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, la Bolivie, le Pérou et le Chili. Ils arrivèrent en Uruguay pour essayer d'avoir une deuxième chance.

A l'origine, le premier japonais qui arriva sur Montevideo s'appelait M. Tsubota et qui provenait,lui, de Kobe. Il occupa le poste de gérant de la maison Takinami qui vendait des produits importés du Japon et qui donnait pignon sur la rue Colón (comme quoi, l'Uruguay du début XXe siècle était une société vraiment plus cosmopolite) . La plupart des autres japonais étaient surtout des horticulteurs. Il existe une association japonaise sur la Plaza Colón comme la photo ci-contre.  Il y avait en 2008 approximativement 383 descendants de ces premiers japonais venus en Uruguay.

Quelques photos de Villa Colón que j'ai prise durant ma petite promenade et je vous dis que j'ai prises les photos des plus belles maisons que j'ai pu repérer....


Plaza Colón aujourd'hui incluant les graffitis gratuits et stupides

Ci-dessus, une des rares petites maisons des années 1920 et à droite, la gare de Colón.
Quelques anciennes maisons au fond avec le vrai décor de certains endroits du quartier au bas de la photo

Sommaire:
Je vous avise de suite qu'en prenant les bus pour vous rendre sur Colón, vous allez traverser l'autre face cachée de Montevideo qui est à des lunes des quartiers le long de la Rambla ou même du centre-ville. Triste de voir cette image que l'on ne montre jamais aux touristes et que bien des habitants de Montevideo ne veulent pas entendre parler. Beaucoup de maisons précaires dans les quartiers comme Sayago, Cerroto, Las Acacias. Beaucoup d'endroits dégueulasses avec des dépotoirs puis soudainement, vous avez un ou deux pâtés de maisons où les gens essaient d'entretenir leur carré de bonheur mais derrière que des grilles.

Autour de la Plaza Colón, j'ai remarqué pas mal de zombies qui vous regardent bizarrement. Évitez de sortir votre appareil photo sauf si il y a un flic comme au moment ou j'ai pris ma photo du plaza. Je n'ai pas visité tout Villa Colón mais en résumé, ce n'est plus un quartier comme dans le passé. La belle architecture et les champs du passé ont fait place à l'anarchie de la construction en tout genre. Pareil pour la population qui, aujourd'hui, est composée d'une classe très moyenne mais vers le bas. Doit-on se déplacer afin de visiter ce barrio? Si vous n'avez rien à faire, vous pouvez mais il y a d'autres endroits plus jolis...

A bientôt
 

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