samedi 4 février 2012

Monument: Palacio Salvo

Voici la présentation d'un des édifices les plus emblématiques de Montevideo. Sans doute l’édifice le plus photographié des touristes et celui que l'on retrouve le plus sur la majorité des cartes postales de la ville. De plus, l’édifice se trouve sur la Plaza Independencia qui est la limite entre la ''vieille'' et la ''nouvelle'' ville.

Le propriétaire du terrain qui se trouve exactement à l'angle de l'Avenida 18 de Julio et de la rue Andes était Marcelino Allende. Sur ce terrain se trouvait la confiserie légendaire ''La Giralda'' où l'orchestre de Robert Firpo jouera La Cumparsita pour la première fois en 1917 (voici l'article sur La Cumparsita). Marcelino Allende avait déjà planifié en 1918 de construire le Palacio Allende, un gratte-ciel de "type américain". Mais les plans ne marcheront pas comme il le voulait et Marcelino Allende vendra le terrain aux frères Ángel, José et Lorenzo Salvo, de fortunés industriels du textile pour 650 000 peso (montant colossal à cette époque).

En 1922, les Salvo décident de rendre hommage à la ville avec un édifice monumental. Durant ces années folles d’opulence et de richesse de la ville, il était temps que la ville ait son premier vrai gratte-ciel.

Les Salvo chargent l'architecte milanais Mario Palanti pour la conception de l’édifice. Mario Pallanti résidait à Buenos Aires, ville dans laquelle, il dessinera le Palacio Barolo construit entre 1919 et 1921 (version plus petite que le Palacio Salvo). Les travaux débutent en 1923. L’ingénieur fut Lorenzo Gori Salvo et la décoration intérieure du peintre Enrique Albertazzi.


C'était la première fois que la structure en ciment armé sera utilisée à grande échelle sur un bâtiment dans le pays. Cependant, on ajoutera à la maçonnerie des soutiens d'arcs dans la charpente sur les conseils avisés des ouvriers qui se trouvaient être en majorité des immigrants italiens (chiffres inconnus). Pendant deux ans, on creusera le sol pour arriver à une profondeur de douze mètres. Le Palacio Salvo sera composé de trente-et-un étages dont deux sous-sols, une plate-forme et une terrasse.

Le Palacio Salvo sera planifié pour contenir des habitations, un hôtel (qui ne verra pas le jour si je ne me trompe pas), des bureaux et un centre commercial (qui n'existera pas non plus). Un lieu résidentiel destiné originalement pour les riches familles de la société de Montevideo mais qui ne prendra pas vraiment forme. L'idée originale incluait l'incorporation de phares (ou lumières) à chaque étage afin d'être vu de nuit de l'estuaire du Rio de la Plata.



L'édifice sera inauguré en grande pompe le 12 octobre 1928 avec une grande exposition de l'industrie nationale en même temps. Une fierté des habitants de Montevideo à cette époque car le bâtiment a une hauteur de 115 mètres et se trouvera être le plus haut édifice en Amérique latine. Hauteur du bâtiment qui restera longtemps un orgueil de la ville jusqu'en 1935.

L'imposant édifice qui dominait le panorama du centre de la ville ne recevra pas seulement que des éloges positives. Même Charles Édouard Jeanneret-Gris, plus connu sous le nom de Le Corbusier qui viendra en visite à Montevideo en novembre 1929 qualifiera le Palacio Salvo comme grotesque.
Il critiquera les "moulures carnavalesques", la façade du bâtiment charcutée ainsi que les "filets adipeux qui pendent du rez-de-chaussée et du premier étage". Il aurait suggéré de démolir ce bâtiment avec des canons (étant un amateur d'architecture, je pense que l'on aurait pu démolir au canon certaines œuvres de Le Corbusier aussi mais c'est mon opinion perso!).

Ángel Salvo, l'un de trois frères est mort avant que le Palacio ne fût terminé et cinq ans après l'inauguration, José Salvo décédera dans un meurtre déguisé en accident. Il avait deux filles et l'une d'elle se mariera avec un jeune d’origine humble qui s'appelait Ricardo Bonapelch (un ami intime de Carlos Gardel). Dans la nuit du 29 avril 1933, José Salvo fut renversé par une auto et décédera suite à ses multiples blessures. Les recherches de la police amèneront à l'arrestation du conducteur, Artigas Guichón, qui avait été engagé par Bonapelch pour tuer son beau-père afin de toucher une partie de la fortune. Bonapelch est mort des années plus tard en prison durant sa détention.

Par contre, plusieurs ornements sont tombés de cet édifice à cause du temps, de l'oxydation et de la pollution. Par précaution, on a enlevé pas mal d'ornements afin que cela ne devienne pas un danger pour le public. Il a été déclaré comme Monument Historique Nationale en 1996.

Voici le Palacio Salvo aujourd'hui:



C'est vrai que ce bâtiment ne laisse pas indiffèrent. On utilisera les mots suivants pour le décrire: beau, drôle, curieux, présomptueux, laid, surprenant, etc. Il y en a pour tous les goûts dans ce bâtiment. On peut dire que cet édifice allait à contre-poil de ce qui se faisait en architecture durant cette époque.

Ci-dessous, des ornements qui représentent des animaux à la base des colonnes des arches sur le côté de la Plaza Independencia.


J'ai entendu dire que l’édifice allait être réhabilité par la mairie de Montevideo car il commence sérieusement à montrer des signes de fatigue (surtout à l’intérieur).

Pour finir, on dit que cet édifice est hanté par un grand homme élégant, habillé de noir et qui se promène avec un parapluie quelque soit le temps. Il s’appellerait Don Pedro mais on dit que ce serait José Salvo qui se promène dans son Palacio. Légende urbaine?

A la prochaine

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