La Station Centrale – Prise 2

Voici la suite de mon article sur la gare de Montevideo: Station Centrale - Prise 1.

A ce moment là, le chemin de fer sera nationalisé et le 19 novembre 1952, le Ferrocarril Central del Uruguay (Chemin de fer Central de l'Uruguay) qui englobe les anciennes compagnies d’intérêts anglais et le Ferrocarriles y Tranvias del Estado (Chemins de fer et Tramways de l'État) fusionnent pour devenir plus qu'une administration au nom d'Administración de Ferrocarriles del Estado ou AFE (administration des Chemins de fer de l’État).

En 1955, le nom de la station sera changé pour ''Estación Central José Artigas'' (oui je sais....encore un truc du nom d'Artigas!!). Aujourd'hui, le nom de la station est connue sous ''Estación Central General Artigas''. Nom qui devrait revenir à ''Estación Central José Artigas'' étant donné que le nom actuel a été modifié par la junte militaire au pouvoir durant la dictature en 1974 (ajout du mot General..cela devait flatter l’ego de beaucoup de ces enfoirés).

En 1977, la gare recevra ses dernières modernisations afin d'accueillir de nouveaux trains ''rapides''.

Le 2 janvier 1988, on supprimera la totalité des services aux passagers et la station sera utilisée pour des expositions diverses alors que les bureaux de l'AFE resterons là. Les quais de chargement continueront a être utilisés.

Voici une photo de la gare avec des trains pour preuve car je ne connais qu'un bâtiment fantôme.

Photo provenant de la revue Life en 1941

Entre 1988 et 1998, l'AFE remettra quelques lignes en route, puis les fermera par la suite pour les ré-ouvrir encore et puis les fermera définitivement...bref le boxon général! Mais c'est pas comme cela que l'on fait revenir la clientèle en tout cas!

En 1996, les quais de chargement sont fermés à leur tour et une partie de ces quais seront vendus à Antel (monopole étatique des télécommunications) pour la construction d'édifices annexes à la Tour des Communications.

Cependant, quand des intérêts économiques et politiques sont mal gérés par l'état, les problèmes surgissent. 

En 1998, la station sera vendue à la societe SADIF qui a appartient à la Banco Hipotecario del Uruguay (Banque de crédit hypothécaire de l'Uruguay). Cet achat faisait parti d'un projet politique dénommé "Plan Phénix". Le plan Phénix était un ''remodelage'' total des alentours de la gare afin de revitaliser ce quartier qui s'appelle ''La Aguada'' et d’ériger plusieurs immeubles d'habitation tout en éliminant un bon nombre d’entrepôts. Ce projet immobilier planifiait de changer la gare en un "centre culturel" et d’intégrer un supermarché sur un des côtés de la gare.

On n'a pas réalisé d'étude technique des opérations ferroviaires à ce moment-ci. Le Plan Phénix est parti en queue de poisson aussi étant donné que le plan a été partiellement mis en œuvre. Par contre, la gare a continué à être dans un état total de négligence.

En 1999, une nouvelle petite gare a été construite à 500m de l’édifice actuel vers le nord. Des erreurs dans la construction de cette nouvelle gare retarderont son ouverture jusqu'au 1er mars 2003 (4 ans de construction pour un petit truc!). 

Comme vous pouvez le voir sur la photo de gauche au niveau du bâton, on a manqué la connexion des voies à quelques centimètres (le mec ne devait pas voir le compas dans l’œil!)

Ci-contre à votre droite, on a fait les quais trop loin de la voie donc imaginez le ''Mind the Gap'' (pour ceux qui connaissent le métro de Londres!) qui se transformait en gouffre. C'est deux photos ont été prises d'un site de défense de la gare.

Je suis passé pas mal de fois devant cette nouvelle gare et il n'y a pas un chat. De plus, cette nouvelle gare ne donne pas directement sur la rue car vous devez rentrer dans un des anciens bâtiments des chemins de fer afin d'arriver à la nouvelle gare. C'est du n'importe quoi comme conception! Heureusement que vous avez UN panneau qui indique l’entrée. Cette nouvelle station qui devait faire plaisir à quelqu'un a scellé le sort de la Station Centrale pour de bon. 

En décembre 2001, la société SADIF a vendu l'ancien domaine de manœuvres des trains et le bâtiment à la société Glenby S.A. Cet octroi du bâtiment était valable pour une période de 30 ans dans lequel la compagnie s’engageait à transformer la gare en centre culturel. Rien de cela n'est arrivé.

En 2004 ils ont essayé de monter un projet culturel, "Proyecto Viene", durant lequel pendant 3 mois, des concerts seront programmés, des activités théâtrales mis en place, etc.

Beaucoup de voix ont prétendu que ce projet allait produire de nouveaux dégâts au bâtiment et engager l'État à de grandes dépenses. En 2009, le gouvernement annonça qu'il essayerait de récupérer l'usufruit du bâtiment, puis une appel d'offre serait lancé ensuite afin de recevoir des projets pour installer une entreprise commerciale ou culturelle dans l'ancienne gare.

Mais la société Glenby S.A. se sent spoilé maintenant donc elle poursuit la SADIF et le gouvernement. Le sort du bâtiment reste en discussion entre le gouvernement et les promoteurs privés qui tiennent la concession. Mais cette histoire va durer combien de temps??

Voici des photos de la gare aujourd'hui

Ce bâtiment est inscrit dans la liste des Monuments Historiques National depuis 1975. Il existe un site de défense et de sauvegarde de ce bâtiment qui vous raconte la turbulente histoire de cette gare avec beaucoup de détails (mais en espagnol) à cet endroit.

Par contre, je lance mon premier scud contre le ministère du tourisme qui distribue une brochure sur le tourisme en Uruguay et qui ose promouvoir la Gare Centrale comme ''Architecture d'héritage''.

La traduction dit que:

''Montevideo préserve des exemples d’époques, des styles et des tendances différente, comme en Art Nouveau et en Art déco que l'on voit maintenant rarement dans d'autres endroits. Ceux-ci incluent la gare de chemin de fer José Artigas,etc...''

Je suis d'accord de dire que le gare est un héritage mais la moindre des choses est que ce bâtiment soit sauvé de la dégradation qui se fait voyante de plus en plus tous les jours. Voici ci-dessous la photo utilisée dans la brochure (photo qui date d'avant la fermeture étant donné que l'on voit encore le restaurant en bas à gauche et les fenêtres allumées des anciens bureaux de l'AFE au premier étage). Quand la gare sera retapée, je serais d'accord avec la brochure mais pas maintenant!

Voici la fin de l'histoire de cette splendide gare. On se croise les doigts et on attend ce que le futur réservera à ce bâtiment. Mais il faut commencer à se magner le popotin car chaque fois que je passe devant, je m’aperçois de la détérioration constante des bâtiments et des toits en ardoise de la gare. Plus on attend et plus la facture sera énorme pour rénover la gare!

Hasta Pronto