Par la suite, cet édifice sera transformé en un des grands magasins du grand Montevideo d'antan, le magasin ''London Paris'' en 1908. Le fondateur du magasin sera Pierre Casteres (ou Pedro Casterés en espagnol) né à Montevideo mais qui décédera en 1920 et le gérant Jean Pierre Tapie (Juan Pedro Tapié). L'administrateur du magasin sera Marcos J. Siri. Suite au décès de Pierre Casteres, Jeanne Grapinet (Juana Grapinet), sa veuve, sera impliquée dans la succession de son mari.
Casterés se mis d'accord avec The Standard Life pour utiliser tous les étages de l'édifice. Le globe soutenu par Atlas (mythologie) était le symbole de la compagnie d'assurance The Standard Life. Une expansion forte mais insuffisante pour satisfaire l'avidité du public fera en sorte que l'ensemble des annexes totaliseront cinq mille mètres carrés de surface en 1915 (d'une similitude prétendue avec les Galeries Lafayette de Paris). En 1920, le ''London Paris'' fut le plus grand commerce d’Amérique latine.
La beauté de ce bâtiment démontre la toute puissance de ce magasin dans la vie des habitants de Montevideo à cette époque. On rivalisait en architecture pour se faire concurrence avec les autres grandes enseignes comme Soler, Introzzi, La Madrileña, Angenscheidt, Caubarrere. Aujourd'hui, toutes ces enseignes ont disparu du décor...
Le magasin fut un des premiers à proposer la vente par catalogue en 1914. Le catalogue sera illustré par l'allemand Otto Koch. Dans ce magasin, on pouvait acheter de la bagatelle la plus insignifiante aux produits les plus chers et raffinés d'Europe.
Ce ''bazar'' d’époque été très bien organisé. Voici le plan:
- Sous-sol : on trouvait les articles de mobilier et le bazar;
- Rez-de-chaussée : la parfumerie, la bijouterie, la section homme, les optiques, le catalogue, les tissus, la mercerie et la confiserie;
- Premier étage : les chaussures;
- Deuxième étage: les écoliers, le magasin de jouets et la section pour bébés;
- Troisième étage: les petites filles, les confections pour les dames et les jeunes;
- Quatrième étage: la literie, l'hygiène, la bonneterie et la tapisserie;
- Cinquième étage : l'atelier du tailleur et les enfants.
Dans ce temps, la direction imposait des règles strictes aux employés comme porter des uniformes impeccables. J'ai eu la chance de rencontrer une dame qui a connu ce magasin dans les années 55 jusqu’à sa fermeture. Elle m'a dit qu'on y vendait une très bonne qualité de marchandise, un personnel attentionné et tourné vers le service à la clientèle . Un traitement rigoureux avec le client et on disait ''vous'' et toujours en employant le mot ''Monsieur'' ou ''Madame''. Beaucoup de choses qui ont disparu de nos jours dans les commerces!
En 1958, cinquante ans après avoir ouvert ses portes, le magasin ''London Paris'' avait 1.100 employés, une flotte de ses propres camions pour répartir la marchandise, un cabinet médical, des infirmières et des traducteurs pour les membres de l’équipage des bateaux baleiniers russes qui arrivaient au port.
Malheureusement, le magasin fermera ses portes en 1966 ce qui sera, comme on s'en doute, une tragédie pour beaucoup de dames (un peu comme moi quand Mark & Spencer a fermé tous ses magasins à l'étranger).
Aujourd'hui, des bureaux occupent les étages supérieurs ainsi qu'un McDo au niveau de la rue et du 1er étage. Triste fin pour ce magasin de se retrouver un McDo aujourd'hui.
Le magasin ''London Paris'' en 1946 |
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